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Gestion Mentale
des valeurs // des concepts // des pratiques

Interview de Quentin.



Utilisation d'une histoire pour installer la remédiation.

Entretien d’évaluation après une intervention positive menée par Pierre-Paul Delvaux.

Quentin est un élève de 6e générale, option maths 6 heures.

1. Le premier entretien s’est déroulé quelques jours avant l’examen final de mathématiques.

- Q. : Depuis plusieurs semaines sinon plusieurs mois, les interros de synthèse étaient mauvaises et pourtant j’avais l’impression d’avoir compris. Le professeur me reprochait des tas d’erreurs dues à la distraction (3 fois 2 = 5 ! –2x devenait +2x…). Petites fautes, grandes conséquences. L’accumulation de mauvais résultats m’a vraiment découragé à tel point que j’avais laissé tomber le dernier chapitre, les probabilités. Bref, j’avais l’impression d’avoir vraiment saisi la démarche de résolution de problème, mais j’achoppais sur les « détails ».
- P.P. : Après vérifications et reformulations, l’idée m’est venue de raconter une histoire analogue à la situation que Q. m’avait décrite. Il s’agit d’un extrait de L’Alchimiste, roman bien connu de Paolo Coelho. En voici un résumé :

Un père voulait donner à son fils le secret du bonheur. Seulement lui ne le connaissait pas. Toutefois il a entendu parler d’un sage qui enseignait ledit secret. En fils obéissant, le jeune homme accepte et se met en route. Chemin faisant, il se fait une image de l’homme qu’il va rencontrer : grave, austère, frugal, … Il est très étonné en arrivant d’apercevoir une demeure somptueuse, de humer les parfums et d’entendre la musique d’une grande réception. Le sage passait d’un groupe d’invités à l’autre. Il remarque le jeune homme et écoute sa demande. Accaparé par ses invités, il suggère au jeune homme de visiter sa maison et ses jardins tout en lui confiant une petite cuillère dans la quelle il verse quelques gouttes d’huile en recommandant de ne pas la renverser. Deux heures plus tard, le jeune homme revient, mais aux questions du maître des lieux il répond qu’il n’a rien vu des beautés que la maison et le jardin contiennent parce qu’il était uniquement préoccupé de la petite cuillère et de son contenu. Le sage le renvoie visiter la maison et les jardins. Un peu plus tard le jeune homme revient enthousiaste, seulement la petite cuillère est vide… Jeune homme, le secret du bonheur c’est de faire attention à la fois aux grandes choses et aux petites… Va, je n’ai plus rien à t’apprendre…

Faire attention aux grandes choses, c’est la démarche de résolution de problèmes ! Faire attention aux petites, ce sont les erreurs d’attention. Quentin acquiesce.
Je lui propose ensuite de décomposer le geste : la démarche de résolution de problème avec ses grandes lignes est codée visuellement. Comment pourrait-il coder la démarche d’attention minutieuse aux « détails » ? Q. propose de la faire verbalement : « Je me dis de faire attention à ceci,… »

2. Une semaine après la réussite, nous faisons le point sur la question de savoir ce qui l’a aidé.

- L’histoire m’a aidé en me disant ce que je ne faisais pas. En fait toute l’entrevue m’a redonné confiance. Cela a été plus facile d’étudier le week-end qui précédait l’examen.

- Qu’est-ce qui a donné confiance l’histoire ou la décomposition du geste ?

- L’histoire surtout. Quand je pense à l’histoire, je peux passer à l’étape ultérieure (à savoir l’exercice de la double attention).

- L’histoire t’accompagne ?

- Oui et j’ai été plus motivé pour la préparation de l’examen, alors que j’étais très découragé.

- Et au moment de l’examen, as-tu revécu le stress, la peur de retomber dans tes distractions ?

- Au moment de l’examen, je savais que je devais faire attention à la 2e étape (les « détails ») et je l’ai fait. J’avais confiance dans ce que vous m’aviez proposé.

- La confiance était fondée sur notre travail précédent.

- Oui, cela avait marché avec la dissertation. En fait, j’ai confiance si, pour moi, la démarche est claire et que j’ai le temps.

- Tu as joué sur 2 tableaux le visuel et le verbal. Est-ce habituel chez toi ?

- Ce n’est pas nouveau. Dans le domaine littéraire, par exemple pour les commentaires de textes, je construis un plan visuellement et je traite le détail verbalement.

- Et en sport ?

- A l’entraînement, pour intégrer un geste concret, je me parle, puis je regarde (perception) pour vérifier… Pour revenir à l’histoire, elle m’a permis de bien comprendre. Si vous me l’aviez dit de façon nette, je n’aurais peut-être pas compris le sens de vos paroles.

- L’histoire permet d’installer ?

- Vous donnez quelque chose. Mais pas « de face ». C’est plus progressif.

- Progressif ?

- On n’a pas l’information tout de suite. On est un peu préparé avant de la recevoir et puis on la reçoit, on ne s’étonne pas puisque cela a été préparé, on sait d’où cela vient, on sait ce qu’il va y avoir après, c’est plus facile.

- Cela s’installe petit à petit. L’histoire a donc une fonction d’ouverture.

- Oui. Par ailleurs, j’ai pu en discuter après l’entretien avec ma mère et reformuler ce que j’en avais retenu. En tout cas cela permet de mettre des images sur des termes abstraits.

Paru dans la Feuille d’IF n° 5 en décembre 2002.

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